Quelle trace laissons-nous ?

Quand j’ai cherché une image pour illustrer cette newsletter, cette photo de neige immaculée m’a interpellée. Elle m’a parlé de la trace, de l’empreinte, du réel. Quelle marque, quel pas, quel témoignage souhaitons-nous inscrire de nous-même, de nos rêves, de nos désirs, de nos actes, de notre passage dans cette vie ici et maintenant et pour plus tard ?
A l’heure de l’IA et du fake indétectable, et pris que nous sommes dans une accélération temporelle, la question du réel de nous-même et de notre existence, devient majeure.

Nous sommes des êtres complexes, vivants et conscients

Nous sommes des êtres de matière, de chair, de sang, de sensations, d’émotions, de désirs, de craintes, de chagrins et de joie. Et aussi d’énergie, de pensées, d’imaginaire, de représentations, de projets, de valeurs, de mouvement, d’action. Nous sommes des créatures vivantes et dotées de conscience et de sensibilité, en capacité de ressentir, d’élaborer, de réfléchir, de prendre du recul, de discerner, d’exprimer, d’aller vers, de nous retenir, de rencontrer, de décider, de créer, d’agir…
Nous sommes multiple, composé et complexe et nous tentons de fonctionner autant que faire se peut en alliance entre notre corps, notre cœur, notre esprit et notre âme, malgré la complexité relative à notre nature d’être humain.
Nous sommes à nous seul un univers à explorer et nous entrons en interaction avec d’autres individus, d’autres univers, porteurs également de leur propre complexité. Et tout ce qui nous habite dans nos profondeurs et dans nos territoires intimes et invisibles, préside à la plupart de nos réflexions, de nos décisions et de nos comportements. Nous ne sommes pas vierge comme cette neige fraîche, et pas plus libre non plus car modelé, construit, organisé par des instances souvent inconscientes qui nous agissent, et ce, trop souvent à notre insu. Intrications, enchevêtrement de dynamiques et de croyances issues de nos histoires personnelles, familiales, transgérénationnelles, religieuses, ethniques, sociales, relationnelles…, il n’est pas aisé de savoir ce qui est de notre essence et de tracer notre propre chemin, de suivre notre propre voie·voix, celle qui chuchote au creux de notre cœur ou de notre oreille et que nous n’entendons pas. Tant de discours, d’injonctions, de diktats, de décrets, d’ultimatum tapissent notre esprit, comme un manteau épais faussement confortable, mais bien connu et donc a minima sécurisant.

Qui sommes-nous dans le fond ?

Alors qui sommes-nous dans le fond ? Bien évidemment, la réponse n’existe pas en tant que telle, elle est une quête, une recherche, un parcours, une ambition, un graal à jamais atteignable. Et cela nous demande un énorme travail de faire du tri, de (re)mettre incessamment sur le métier de la connaissance de soi, ce qui nous fonde, nous forge, nous étaye, nous occupe, nous hante, nous émeut, nous détruit, nous élève, afin de trouver cette étincelle, cette petite flamme intérieure qui, comme le perce-neige qui fend la glace et la traverse, tente de se frayer un chemin, de zigzaguer entre nos murailles et nos interstices pour apparaître à notre conscience. Ces messages discrets et impérieux de notre âme et de notre cœur qui désirent tant germer, apparaître, éclore, fleurir et guider nos pas et nos actes dans le monde. Ainsi, comme un jeune enfant émerveillé et hésitant qui découvre la blancheur immaculée de cette neige nouvelle, promesse de tant de possibles à créer, et secoué et ému de la fraicheur de la nouveauté, il s’ébroue, et confiant, il s’avance et dessine alors son propre sceau dans la virginité qui l’accueille.

Acteur·trice de notre destinée

Devenons les acteurs de notre propre destinée en nous dépouillant —  à l’instar des arbres qui se libèrent des vieilles feuilles jaunies et dévitalisées afin de faire place à de nouveaux bourgeons — de nos vieilles peaux, de nos vieilles croyances, de nos dogmes obsolètes et des peurs que l’on nous a instillées. Raclons avec joie ce qui nous encombre, ponçons les couches écaillées qui assourdissent nos oreilles et engourdissent notre esprit, afin de libérer et de laisser jaillir notre pur joyau intérieur et lui permettre de calligraphier la vie de notre propre écriture.

Bon bout d’an comme on dit par ici !

Carlotta

(Edito de la newsletter de décembre 25)
Crédit photo Pasja1000