Billets
Les billets sont des textes issus de réflexions qui me traversent selon l’actualité, mon humeur, mes inspirations. Coups de gueule, laudations, commentaires…
« Il est plus doux de donner que de recevoir »…
… Nous disait Epicure. Encore faudrait-il avoir quelqu’un à qui donner. Quid de ces personnes seules en ces temps de fêtes ? Réjouissances et plaisirs sont au programme de nombre de familles et amis. On prépare des sapins, on décore la maison, le jardin. On fait des achats pour des menus élaborés et festifs. L’ambiance est plutôt joyeuse. Et pourtant, l’on sait souvent que derrière les figures souriantes et enjouées se cachent parfois des lourdeurs et des secrets. On accepte la trêve parce que c’est Noël. On évite les sujets qui fâchent, les piques et autres provocations. Noël, fête de l’hypocrisie ? D’aucun pourrait se le dire. Pourtant, bien intérieurement, on s’abstient, on se retient bien souvent pour tenter de préserver un lien qui n’a pourtant plus toujours sens ou qui est bien abîmé. Alors quel est le sens de s’offrir des cadeaux ? A quel jeu jouons-nous ? Finalement ce geste d’offrir est au service de quel enfant intérieur ? Celui, blessé, qui rejoue encore le même jeu de donner pour être aimé, reçu, accueilli ? Le jeu est-il alors déjà pipé ? Celui qui apaisé tente un geste, un mouvement pour créer de la nouveauté. Oui, une nouvelle tentative pour nourrir et renforcer un lien souffrant. C’est ça la trêve de Noël, du moins je lance une invitation à l’envisager ainsi. Et par la même occasion, d’ouvrir grand les bras et le cœur pour recevoir, sans condition. Car recevoir serait encore plus difficile que donner.
Recevoir un cadeau, un témoignage, une attention, de la considération, ce dont nous manquons tous à un endroit ou à un autre. Nombre de personnes que je connais sont en difficulté avec le recevoir. A bien y regarder, je le suis aussi parfois. Recevoir un compliment, un hommage, un feed-back positif. Comme si on ne nous l’avait pas enseigné. Alors je lance une autre invitation. Lorsque quelqu’un vous fait un cadeau, de quelque nature que ce soit. Un cadeau sincère j’entends. Inspirez profondément pour mettre tout au-dedans de vous le bon de cette offrande. Inspirez pour nourrir votre être de l’attention, même si ce n’est pas ce qui vous aurait fait plaisir, nourrir votre être de la considération que cet autre vous porte dans ce geste.
De la même façon que vous appréciez être reçu dans votre don, appréciez ce que vous recevez.
Allez, je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année et un JOYEUX NOEL !
24 déc. 2022
L’incongruité source d’émerveillement
En ces temps perturbés, bouleversés, troublés, je perds parfois contact avec la joie intérieure qui m’habite et me porte, je perds contact avec le sens profond que je perçois parfois au-delà de l’absurdité apparente de la situation actuelle, je perds confiance en l’humain et en sa capacité de résilience, de créativité et d’amour. Et puis…
Il y a 2 jours, j’étais chez moi, tranquille, immergée dans la lecture d’un polar, lorsque j’entends un cri d’oiseau inhabituel dans mon environnement. Un cri incongru, un cri persistant, non pas un chant, mais comme un appel répétitif et insistant qui m’invite justement à me lever et à regarder. Et je vois, sur le toit de la maison voisine une tête d’oiseau qui me rappelle que j’ai déjà vu ce volatile, il y a peu, traverser ma terrasse. Un faisan. Un faisan se promenait par ici et s’était installé en hauteur pour s’exprimer. Vous savez comme c’est joli un faisan ? Ses plumes de multiples couleurs, son port, sa majesté. J’ai pris un instant pour ressentir l’émerveillement enfantin qu’il faisait surgir en moi.
Incongru dans mon environnement. Il me semblait perdu. Un peu comme moi, dans une sorte de surprise et d’incompréhension, sans pour autant perdre de sa superbe. Alors, ce matin que je me pose avec l’envie d’écrire ce billet me revient cette idée d’incongruité, comme un fil à saisir, une figure à regarder apparaître pour peu que je m’y arrête un instant. Et je me dis « et si cette figure préfigurait justement quelque chose de merveilleux ? ». Lors de cette deuxième rencontre, je me suis arrêtée pour regarder ce faisan, cet animal perché et j’ai eu envie d’écouter l’écho qu’il éveillait en moi. Un sourire, un message qui pouvait dire « dis-donc, c’est bien étrange tout ça, non ? Et si tu prenais un peu de hauteur ? ». Oui, et si je prenais un peu de hauteur ? Et si je remettais un peu de couleur et de merveilleux dans ma vie ?
Du coup, je me suis mise à regarder l’environnement différemment, avec attention, présence, à la recherche de l’incongruité à saisir comme un appel à l’arrêt, à la présence à l’instant, au ressenti et à l’émerveillement.
Et si justement, vous partiez à la recherche de l’incongruité, tel un élément du décor qui semble déplacé à première vue et qui pourtant, à lui seul, peut faire basculer une humeur, un état d’âme, un sentiment, une idée, une représentation, un groupe, un monde. En tout cas, j’aime beaucoup cette idée, cette aventure, de saisir cette magie que la vie peut me proposer à chaque instant dans ses surprises, ses messages inattendus, ces expériences étranges et inhabituelles.
17 fév. 2022